Les Mots du Sport

Après Le tour des Géants de Nicolas Debon, voici une autre BD consacrée au Tour de France. Idéal à quelques jours du Grand Départ de la Grande Boucle.

Découpé en 10 chapitres, l’ouvrage permet de se replonger dans l’histoire du Tour du temps des premières compétitions jusqu’à la plus récente victoire de Chris Froome. Avec des longueurs variables, revenant tantôt sur une époque (les premiers Tour de France), une légende (Anquetil, Merckx), des dérives (les années Armstrong), un fait divers (la mort de Simpson dans le Mont Ventoux), tout ces chapitres nous font vivre ou revivre les belles pages qui animent les fins d’après-midi du début de l’été sur les routes de France.

Si la plupart des histoires racontées sont connus, il faut souligner la superbe qualité graphique de l’oeuvre qui permet de se plonger dans les différentes époques sans soucis. La rage des coureurs, les conditions parfois dantesques sont ressentis dans les trais des dessins de Clejine.

Une oeuvre sublime que se doit de posséder tout amateur de cyclisme et de sport en général.

 Le Tour de France de juillet dernier a vu deux français finir sur le podium. Presque 30 ans que l’on avait pas vu cela arriver. La France a fêté Perraud et Pinot mais que connait-elle des coureurs des Tours du début du XXème siècle? A quelques jours du départ d'un nouvelle Grande Boucle, la BD de Nicolas Debon nous propose de découvrir le Tour de 1910 où avec 110 partants initiaux, il ne resta que 41 rescapés lors du retour à Paris.

Au menu des coureurs, 15 étapes pour quelques 4794 km (3660km en 21 étapes cette année par exemple) avec un jour de course auquel succède un jour de repos. Avec des vélos de 13kg, pas d’assistance pendant les étapes, des vélos sans changement de vitesse possible, on assiste à un tour qui n’a pas vraiment grand chose à voir sur le plan technique avec ceux de notre époque.

On peut retrouver la rage de vaincre par contre dans ces champions qui est la même quelque soit les époques. Si le trait est simple et sombre, il porte à merveille l’intensité de la course, la dramaturgie des évènements qui se déroulent sous nos yeux et qui sont très nombreux: chutes dans le ravin, crevaisons multiples avec changement de boyaux sur le bord de la route, accident contre un chien, traversée de vaches…

Ce tour est aussi l’occasion de passer pour la première fois par le Col de Tourmalet. Un seul coureur passera le col sans poser le pied à terre mais ce ne sera pas le vainqueur final à la capitale.

Épopée incroyable, cette BD se dévore tout au long des 15 chapitres-étapes de ce tour de France épique et mythique. Une très belle découverte.

Je ne sais pas, si comme moi, le rugby français vous laisse un goût amer au fond de la bouche après chaque rencontre du XV de France? Si l’insipidité et la franche redondance des rencontres du TOP XIV vous semble de plus en plus fréquentes? Si les faits marquants du rugby français sur la scène internationale semblent être du plus en plus loin sur la frise du temps?

Je me suis donc retrouvé depuis plusieurs années à manquer des rencontres du tournoi des VI Nations, à ne plus bloquer un samedi après-midi pour profiter d’un alléchant Clermont-Racing Métro par exemple et ce principalement car le jeu produit ne me donnait plus envie de suivre les débats (je ne parle donc pas de m’enflammer car cette époque semble bien loin désormais).

Je ne cherchais pas vraiment de réponse malgré un stéréotype du jeu d’aujourd’hui qui m’a fait m’éloigner des rencontres actuelles au détriment des souvenirs des belles envolées du passé. Là où le jeu au large et l’inspiration française me plaisaient, j’y trouve maintenant un jeu de perce-muraille, des duels physiques toujours plus importants où de nombreux règles sont venues complexifier des actions typiques du rugby comme la mêlée. Quand j’ai vu qu’un de mes joueurs préférés des années passées, le découpeur d’anglais Serge Betsen, proposait ses idées pour « sauver » le rugby français des sept plaies qui le ronge, j’ai eu envie de découvrir cela.

Découpé en 7 chapitres comme les 7 plaies dont Betsen parle, un état des lieux est réalisé avant de passer à des solutions proposées par l’ex-biarrot et notamment glanées sur ses expériences professionnelles (au Biarritz Olympique et en Angleterre surtout). Le manque d’investissement personnel des joueurs actuels, le trop lourd calendrier du TOP XIV, la puissance d’un championnat au détriment des joueurs du cru, le XV de France, le manque de régularité au plus haut niveau de notre équipe nationale…

Betsen ne crache pas dans la soupe mais veut voir ce XV frappé du coq devenir champion du Monde un jour. Voir nos Bleus reprendre en main la spécificité française pour en faire une force qui permettra de lutter avec les nations dominantes de la planète ovale. Une envie de voir l’élite briller qui commence par des idées pour les clubs d’en-bas, pour les gamins de demain et qui propose des solutions jusqu’au sommet de la gouvernance du rugby tricolore.

Si certains risquent de grincer des dents en lisant le bouquin de l’ex-flancker des Bleus, j’ai beaucoup aimé les propositions faites pour panser les plaies du rugby tricolore. Inspirées du football, de la NBA, des nations anglo-saxones ou de l’hémisphère sud, les propositions du Betsen ne négligent pas non plus des bonnes idées du passé qui sont aujourd’hui au fond de tiroirs fermés à double tour.

Avec en plus une écriture des plus agréables, j’espère qu’il sera lu par le plus grand nombre, du gamin de l’école de rugby au président de la FFR, sans oublier le Goret à quelques semaines d’une Coupe du Monde qui aujourd’hui semble des plus délicates pour nos joueurs. Car comme Serge Betsen, j’ai très envie de voir une équipe de France soulever le Trophée Webb Ellis un jour.